Il était une fois… Alice et Pierre en Amérique!
He, oui, chez nous, le temps du printemps, c'est le temps des voyages. Les derniers frimas deviennent souvenir et les hirondelles quittent le nid!
Cette année, c'est vers l'Amérique que nous nous sommes tournés. Ce continent dont on parle tant, mais qu'en vérité nous ne connaissons pas. Départ de Roissy, un peu excités à l'idée d'aller au pays des cow-boys, des hamburgers, des grosses limousines et de la navette spatiale… Nous nous attendions à des contrôles vraiment très sévères, ce qui n'a pas été le cas. Ils ont été stricts, sans plus…
Nous avions projeté de faire une boucle Las Vegas, Bryce Canyon, Lake Powell, Monument Valley, Grand Canyon et retour à Las Vegas. Un grand périple de 2500 km qui nous fera parcourir le Nevada, l'Utah et l'Arizona et changer d'heure parfois 2 fois par jour, car nous étions à la frontière entre ces 3 états. Durant notre excursion, ce qui m'a frappé, c'est l'importance de l'action de l'érosion qui a torturé, sculpté, creusé le sol au centuple de ce que nous pouvons voir chez nous. Nous avons traversé beaucoup de régions désertiques où rien n'arrête le regard. Ce qui est surprenant, c'est que ces zones rides sont très différente les unes des autres. Sitôt un col ou un petit relief traversé, c'est un tout autre paysage qui vous accueille. De gauche à droite, l'horizon faisait souvent quasiment un angle de 180°, ce qui donnait même parfois l'impression d'apercevoir la courbure de la terre…
Une escale à Dallas au Texas, hub d'American Airlines, nous a permis de voir un lieu historique, celui de l'assassinat de J-F Kennedy, et d'aller de visiter l'entrepôt, devenu musée, d'où Oswald a tiré son coup de feu. Un petit tour au centre ville historique nous amène à ce constat étonnant: la "Down Town" n'est pas plus grande que le centre ville d'une agglomération française moyenne, mais Dallas s'étend sur des dizaines de kilomètres pour abriter ses 3 millions d'habitants. En fait, c'est ce que nous verrons tout au long de notre voyage: les américains ont de la place et ils l'utilisent. Là-bas, tout est grand, tout est propre, et en plus, nous avons toujours été bien accueillis. Peut-être devrions-nous prendre exemple…
Même dans un petit village de 1200 âmes, Panguitch, notre 1ère étape, les rues sont presque aussi larges que les Champs Elysées! Nous avons logé chez l'habitant, dans l'ancien dispensaire datant de 1925. Nous avons été très chaleureusement reçus par Margaret qui a voulu tout d'abord à nous faire visiter sa maison de briques rouges au décor un peu kitch. Puis nous sommes allés faire un petit tour au "Big Fish", un des rares bars de l'endroit, dont le propriétaire n'est autre que son mari. Il dispose néanmoins de 50 marques de bière différentes. Le choix ne fut pas facile pour des assoiffés comme nous, mais nous en avons dégusté quand même quelques unes au son de la musique country… Le lendemain matin, après un solide et fort copieux petit déjeuner à l'anglo-saxonne, la propriétaire de cette charmante étape a tenu à nous offrir de succulents cookies "faits maison", un véritable régal!
Nous avons visité successivement 4 parcs nationaux. Le premier fut Bryce Canyon. Situé au bord d'un large plateau, ce site unique est constitué d'une véritable forêt de "cheminées des fées". Dans cet amphithéâtre naturel aux vastes dimensions, l'érosion a sculpté des milliers d'aiguilles effilées tournées vers le ciel offrant ainsi à nos regards toute une palette de couleurs allant du blanc en passant par le rose, l'orange et le rouge.
Avant d'aller vers notre seconde étape, nous avons passé la nuit près du lac Powell, gigantesque retenue d'eau de 300 km barrée par le barrage de Glen Canyon.
Nous y avons visité un site extraordinaire découvert par hasard dans les années 1930 par un indien Navajo: Antelope Canyon. Imaginez une gorge qui commence à vos pieds mais qui est invisible à vos yeux. En effet, pour y pénétrer, il faut se faufiler entre deux étroites parois qui s'enfoncent dans le sol. Quand on m'a montré où se situait l'entrée, je me suis dit:
1) que je n'aurais jamais trouvé tout seul,
2) qu'il fallait être mince pour se faufiler dans cette fissure. Je confirme ce dernier point car il m'est arrivé à plusieurs reprises de frotter sur les bords!
A l'intérieur, pour accéder au fond à une vingtaine de mètres de profondeur, des échelles et des escaliers ont été disposés. C'est alors que l'on découvre que la nature est un sculpteur merveilleux. Depuis des milliers d'années en un travail patient et minutieux, le vent et l'eau ont strié la roche, l'ont modelée dans des formes rebondies. Cheminant sur une longueur d'un peu plus d'une centaine de mètres sur un sol sablonneux parfois large de 50cm mais n'excédant 2 mètres, les rais de lumières s'infiltrant par une mince fente à la surface offrent un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été donné de voir. A l'harmonie et à la douceur des formes se mêle le jeu des couleurs sur le grès. Cela donne un spectacle magnifique, ou chaque pas nous fait découvrir de nouvelles tonalités de roses et d'oranges plus belles les unes que les autres.
Arrivés à Navajo National Monument, un parcours initiatique explique comment vivaient les Navajos dans leur hutte de terre et nous montre toutes les baies dont ils se nourrissaient. Près de là, au fond d'un joli canyon, niché dans une alcôve naturelle à flanc de paroi, haute de 140m, large de 110m et d'une profondeur de 40m, on peut voir les vestiges d'un village indien datant du 13ème siècle.
Toujours en plein pays Navajo, Monument Valley vous fait replonger dans les westerns de notre adolescence. Imaginez vous une plaine immense et sauvage avec, posés en plein milieu, de vieux piliers rocheux usés par le temps mais qui se dressent encore avec fière allure. Les paysages sont vraiment fantastiques et la chaleur étouffante. On a vraiment l'impression que l'on va croiser John Wayne au détour d'un chemin poussiéreux!
A quelques encablures de là, une curiosité Goosenecks (littéralement cous d'oie) State Park, est en réalité une étonnante série de méandres de la San Juan River dans un canyon profond de 300m. La dureté de la roche rencontrée fait que, par ses détours, la rivière parcourt plus de 10 km sur une longueur de seulement 2,5 km!
Après une nuit de repos dans une toute modeste mais très attachante bourgade appelée Bluff, tapie le long d'une rivière au fond d'un petit canyon, nous avons pu admirer le Petrified Forest National Park. Au cœur de cette étendue désertique se trouvait, il y a plus de 200 million d'années, une forêt tropicale qui fut recouverte de cendres volcaniques. Les arbres ainsi fossilisés, sont réapparus dans un état de conservation remarquable sous l'effet de l'érosion. Attenant à cet endroit le Painted Desert (Désert Peint) et le Mesa Blue offrent des paysages désolés où les différents oxydes de manganèse, de fer et d'aluminium ainsi que le gypse donnent l'illusion que ce monde minéral aux dégradés de couleurs est en fait un sablier géant aux couches de sables multicolores… Des hommes ont vécu là, il y a plus de 5000 ans. Ils ont laissé leur témoignage gravé dans la pierre.
Notre étape suivante fut pour moi réellement sidérante. Lorsque j'étais enfant, j'avais longtemps rêvé en contemplant les photos de Meteor Crater dans mon encyclopédie "Tout l'Univers"… Imaginez-vous une colline haute de 40 m plantée en plein désert au cœur de l'Arizona. Arrivé à son sommet, un cratère de 174 m de profondeur et près de 5 km de circonférence s'étale devant vos yeux. Il a été formé il y a 50 000 ans par l'impact d'une météorite. Ce lieu a servi de lieu d'entrainement pour les astronautes de la Nasa lors des missions Apollo (une capsule est d'ailleurs présentée à l'entrée du site), car l'isolement au fond de ce cratère de 1,2 km de diamètre est celui qui ressemble, parait il, le plus à celui de la surface lunaire.
Le Grand Canyon, long de près de 500km, au plus large de 15km et profond de 1700m est à l'image de ce pays: immense. C'est magnifique, mais c'est tellement grand que l'on a de la peine à imaginer réellement ce que l'on a sous les yeux!
Véritable fracture au beau milieu d'un plateau, c'est une succession de falaises et de terrasses descendant en escalier vers le Colorado, qui apparaît comme un mince filet d'eau tout au fond de ces gorges.
L'érosion à laissé à nu les différentes strates géologiques qui offrent ainsi tout un dégradé de couleurs…
C'est le royaume des aigles dont le vol majestueux capte le moindre courant d'air chaud ascendant pour planer des heures durant.
Comme eux j'ai pris l'air, et c'est en hélicoptère que j'ai traversé ce canyon pour en appréhender les dimensions grandioses.
Avant dernière halte, la ville pionnière de Flagstaff a su garder des vestiges de son passé, notamment certaines façades de bâtiments. Cela lui confère un charme indéniable et une réelle douceur de vivre. Nichée au pied d'un massif volcanique, nous y avons trouvé un peu de fraîcheur et des paysages très verts après les déserts interminables que nous avons traversés. Je garde un très bon souvenir des bières que nous dégustions à l'étage d'un ancien saloon. Flagstaff serait presque idyllique si elle ne s'était développée autour de sa gare ferroviaire. Située sur la ligne Albukerque-Los Angeles, il passe à toute heure du jour et de la nuit, toutes sirènes hurlantes, des trains interminables tirés par 4 ou 5 énormes locomotives …
Las Vegas fut notre dernier arrêt avant le retour. C'est une ville incroyable sortie de nulle part en plein désert, qui vous reçoit au milieu de cascades, de plans d'eau, dans une véritable débauche d'énergie qui prend tout son sens dès que la nuit tombe et que les casinos s'illuminent… C'est à celui qui sera le plus beau, le plus exubérant, le plus fastueux pour attirer le touriste. Imaginez-vous des dizaines de salles de jeux parfois grandes comme des hypermarchés avec des complexes hôteliers gigantesques qui les dominent, des galeries marchandes d'un luxe phénoménal, voilà ce qu'est cette ville dont le strip (l'artère principale qui regroupe les plus grands casinos) vous fait découvrir le monde: tout d'abord les pharaons, avec le "Louxor" et sa pyramide, son Sphinx et son Obélisque, l'"Excalibur" véritable château de fée, le "New-York" et ses gratte-ciels.
Quant au "Paris", il montre fièrement sa Tour Eiffel, l'Arc de Triomphe et l'Opéra Garnier. Le "Venitian" avec son palais des Doges, son campanile et le pont du Rialto possède au deuxième étage une des plus belles galeries marchandes que j'ai pu voir. Le Grand Canal a été reconstitué et on y voit de vraies gondoles qui promènent les visiteurs!
Que dire du "Caesars Palace" dédié à la gloire de Rome, du Bellagio aux lacs italiens, du "Treasure Island" avec ses galions et de tant d'autres ? Ils fonctionnent tous du matin jusqu'au soir dans cette ville de lumière où la seule activité est le jeu, rien que le jeu, où l'on s'égare dans certaines salles de bandits manchots tellement elles sont vastes, et où il y a toujours du monde qui joue et surtout perd son argent!
Je sais ce que vous allez me dire: je n'ai pas parlé gastronomie. C'est vrai, mais il faut avouer qu'il n'y a pas grand-chose à dire. Hormis les hamburgers, la nourriture était surtout mexicaine avec généralement la "Chief salad" et la"Caesar salad" et quelques grillades. On ne peut pas dire que c'était mauvais, mais il faut bien avouer que mes chères papilles n'ont pas été beaucoup sollicitées! Le vin est trop boisé à mon goût, et il est cher car les américains boivent de la bière. Heureusement, elles sont variées et excellentes, et par les fortes chaleurs que nous avons connues, ces breuvages bien frais étaient d'autant plus appréciés que les bistrots sont très sympas! Dans ce beau voyage, il n'y avait rien à jeter, sauf beaucoup de fausses idées à mettre à la poubelle… Par contre, nous en avons rapporté une véritable envie d'y retourner pour découvrir de nouvelles contrées !
A bientôt,
Pierre