C'est avec une certaine nostalgie que je vous adresse ce mail : hélas, dix fois hélas, les vacances sont finies.
Après la canicule l'année dernière à Corfou, nous avons choisi une autre île ô combien plus sauvage : Ouessant.
Il émane de ce caillou pelé et sans arbre de 7 km sur 4, une atmosphère particulière qui vous étreint dès que vous arrivez. La nature à l'état brut au vrai sens du terme. A Ouessant il n'y a rien : 4 hôtels-restaurants, 3 crêperies, des phares, Lampaul, la "capitale" avec son millier d'âmes et surtout la lande et ses moutons et puis la mer omniprésente.
Tout est petit dans cette île : les maisons, les parcelles de terre qui s'y rattachent, entourées de murets de pierres grises, mais tous nos sens sont en éveil : l'ouïe avec les cris perçants d'une multitude d'oiseaux, la brise et le bruit des vagues qui se meurent sur les rochers; la vue avec des paysages toujours différents, aux couleurs magnifiques sur une côte nord-ouest littéralement déchiquetée et une côte sud-est plus sage mais avec juste devant nos yeux, cet archipel de récifs et de petits îlots qui sépare Ouessant de sa soeur Molène; que ce soit l'odorat avec l'odeur de la mer et des algues qui se mélangent dans une savante alchimie avec celle de milliers de petites fleurs qui habillent la lande d'un manteau multicolore.
Les courants tout autour de l'île sont très violents : une des ramifications du Gulf Sream que l'on dénomme le "Fromveur" est parmi les plus rapides d'Europe : 13 km/h !
Seuls les habitants de l'île ont leur véhicule; nos moyens de déplacement seront donc nos jambes et deux vaillants vtt pour deux cyclistes non moins courageux. Le point culminant de l'île a beau être à 60 m, il y a quand même, en longeant les falaises, des petits raidillons qui au détour des criques nous ont fait tirer la langue... Heureusement, comme l'île n'est pas grande, la bolée de cidre n'était jamais trop éloignée !
Sur notre semaine, nous n'aurons eu qu'une seule journée réellement mauvaise. La plupart du temps, c'est le soleil qui nous a accompagnés dans nos randonnées pour faire le tour de l'île avec pour balises les phares qui entourent Ouessant et le "Stiff", tour de 140m qui régule tout le trafic entrant dans la Manche...
Mais, me direz-vous, qu'avez-vous fait d'autre ? En vérité peu de choses : nous avons bien tenté un après midi de nous baigner à l'une des rares plages de sable de l'île, mais notre courage n'est pas allé au delà du mollet! Alors Alice a fait de la bronzette et moi j'ai flâné sur la falaise. Il ne faut pas que j'oublie le très intéressant musée des phares et des balises qui se situe au pied du phare du Créac'h et, non loin de là, l'éco-musée reconstituant l'habitat des îliens au début du siècle dernier.
Non, non, je n'ai rien oublié. Il est vrai que je vous conte avec passion à l'issue de chacun de nos voyages, mes dégustations gastronomiques, mais là rien, rien de rien. C'est ma seule vraie déception.
Je m'attendais à trouver des étals de poissons en veux-tu, en voilà et ce fut le désert. Je m'étais promis de manger du homard fraîchement pêché : illusion! La carte des restaurants : une misère je vous dis, le guide Michelin n'y trouvera pas son compte avant longtemps. A part une saucisse (trop) fumée, spécialité du coin et un ragoût d'agneau cuit "dans les mottes" (dans une espèce de tourbe) et que nous avons trouvé quelconque, rien que des banalités. Nous nous sommes donc dirigés vers les crêperies.
Voilà, vous savez tout. Pour illustrer ce récit, je vous ai joint quelques photos qui peut-être vous donneront aussi l'envie d'aller à Ouessant, si ce n'est déjà fait !
A bientôt,
Pierre