Nous voici de retour de notre escapade aux îles Féroé, archipel de 18 îles long de 113 km et large de 75 km, situées au beau milieu de l'atlantique nord (à mi-chemin entre la Norvège et l'Islande) et habitées par 43.000 âmes, mais aussi par 80.000 moutons et 3,5 millions d'oiseaux.
Si vous êtes prêts à refaire ce beau voyage avec nous, lisez ce qui va suivre et suivez la capitaine pour découvrir en photos quelques paysages de cette terre de nulle part...
Là bas, à 62° nord, il ne faisait jamais vraiment nuit, tout au plus pendant 3 ou 4 heures une demi pénombre. Et pour nous accompagner dans nos visites, nos seuls compagnons furent le bruit du vent et de la mer, le cri des oiseaux et surtout le murmure de l'eau omniprésente qui suinte paresseusement par tous les pores de ces îles et se retrouve en une symphonie de torrents et de cascades majestueuses où que se porte notre regard.
Ici, la communion avec la nature vraie, brute, est telle qu'elle apporte une réelle sérénité de l'âme. La lumière est incomparablement belle; à la fois sombre et lumineuse, elle joue avec les fjords pour composer une partition dont elle seule a le secret.
Comme par enchantement, au détour d'une route apparaissent quelques maisons multicolores ou monuments esseulés. Les demeures traditionnelles sont faites de pierres et de bois goudronné; le toit quant à lui est recouvert d'herbe. Il y a très peu d'arbres sur ces îles: quand les moutons ne mangent pas les jeunes pousses, c'est le vent qui se charge de briser les arbustes. Pour les constructions, le bois utilisé était celui des épaves apportées par la mer... Aujourd'hui encore, les arbres sont rares et poussent jalousement près de quelques maisons d'habitations.
Les Féringiens (ils préfèrent dire Féroïens) sont très attachés à leurs racines. D'un esprit rebelle, ils revendiquent leur indépendance vis à vis du Danemark et veulent faire de leur territoire un pays moderne. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir l'excellent réseau routier de ces îles qui parfois ne dessert qu'un hameau. Le plus étonnant reste cependant le nombre de tunnels qui ont été percés et passent même sous la mer: les Féroé sont un véritable gruyère.
Très bien me direz-vous, nous sommes revenus l'âme en paix après cette immersion nordique. La nourriture spirituelle est une chose, mais pour des esprits plus terre à terre, quid du liquide et du solide ? Et bien, ce n'est pas aux Féroé qu'il faut venir pour faire les troquets. De bars, que nenni! Jusqu'à une période récente, la prohibition était de mise (il reste encore une île où elle est en vigueur). Aussi les féringiens avaient ils pris l'habitude de faire venir du Danemark de l'alcool à titre privé; ils continuent de boire... chez eux. Aussi les bistrots se comptent ils sur les doigts des deux mains, où guère plus..., pour les hôtels, c'est presque pire (le gouvernement autonome ne souhaite pas un tourisme de masse) et pour les restaurants, il faut bien chercher.
L'aquavit (alcool fort mais très bon) reste très populaire, tout comme une bière locale, la Forroyar Bjor Gull vraiment excellente. Côté nourriture, peu de poisson (l'essentiel est congelé et exporté immédiatement), le mouton est réellement incomparable, le macareux, adorable oiseau marin fait lui aussi partie des mets traditionnels, tout comme la baleine que nous n'avons pas goûté (par conviction et aussi parce qu'en bout de chaîne alimentaire et avec la pollution, la chair des globicéphales contient beaucoup de mercure). Le poisson étant donc la source principale de revenus de l'archipel, chaque fjord compte son lot de fermes d'élevage de saumons. Elevés au moyen de granulés teintés artificiellement afin de donner sa couleur à la chair, ces poissons souvent rendus malades par la promiscuité et victimes d'infections sont pourtant ceux que vous retrouvez au fond de votre assiette.
Voilà un petit aperçu de nos impressions après avoir visité les îles Féroé, qui nous l'espérons, vous permettrons de mieux connaître, et peut-être de découvrir un jour vous aussi, ce petit bout de terre perdu entre ciel et mer.
A bientôt,
Pierre