Récit Grèce Cyclades 2005

Après le Dodécanèse l'an dernier, c'est dans les Cyclades que nous nous sommes évadés cette année. D'après la légende, cet archipel jaillit de la mer Egée d'un coup de trident de Poséidon. Imaginez un désert de rocaille illuminé par la blancheur éclatante d'une multitude d'habitations en forme de cubes, amoureusement fleuries dans un ciel d'azur aussi bleu que la mer, imaginez des villages aux ruelles étroites, dans un enchevêtrement de petites maisons, d'escaliers et de terrasses et vous aurez alors une idée du charme de ces îles.

Santorin

Nous sommes arrivés juste pour la semaine de la Pâque orthodoxe, ce qui nous a permis de voir une ferveur religieuse que l'on ne connaît plus chez nous. C'est une époque où il ne fait pas bon être ovin: pas une maison sans son agneau en train de rôtir sur la braise, à tel point que c'était toute l'île qui semblait sentir le méchoui! C'était également sans compter le bruit incessant de pétards qui a failli nous rendre sourds !
Ce volcan, autrefois appelé "île Ronde" a explosé dans l'antiquité. Il a laissé un trou béant de 10km de diamètre et de 400m de profondeur dans lequel s'est engouffrée la mer. Au milieu de celui-ci surnage l'île de Volcano et ses quelques fumerolles, vestige de l'ancienne cheminée effondrée. La caldeira haute de plusieurs centaines de mètres offre un spectacle unique et étonnant avec ses longs rubans blancs que sont ces petites villes et villages accrochés au sommet des falaises. Fira la capitale domine du haut de ses 260m et de près de 600 marches son ancien port si profond qu'on ne peut y mouiller une ancre. C'est encore Oia (dire "ia"), très joli village de carte postale offrant aussi des vues remarquables sur le cirque géant, avec ses demeures troglodytes et ses nombreuses églises colorées.

Cette île pourrait avoir Bacchus pour idole, tant la vigne est omniprésente (et le vin délicieux). Il est d'ailleurs étonnant de voir les ceps se développer non pas en hauteur comme chez nous, mais à ras le sol et en forme de cerceau pour ne pas donner prise au vent.

Amorgos

Autant Santorin la belle peut être touristique, autant Amorgos, seconde étape de notre voyage restera pour moi inoubliable. Géologiquement moins intéressante, elle offre cependant des paysages admirables avec des sommets dépassant 800m et ses falaises plongeant dans la mer. Elle a su conserver une authenticité (mais pour combien de temps?) que je n'ai retrouvée dans aucune des îles grecques que j'ai pu visiter jusque là. C'est un gros caillou de 30km de long pour une largeur de 6km. Les innombrables terrasses qui la recouvrent témoignent de son passé rural. C'est là que Luc Besson a tourné en grande partie "Le Grand Bleu"...

Nous logions dans le petit port de Katapola où notre chambre donnait sur le quai. Pour peu, avec un bon élan, on aurait presque pu plonger directement du balcon de notre chambre dans la mer! Les villages sont magnifiques. Que ce soit la capitale Hora perchée sur son pain de sucre, avec ses 3 églises accolées avec leurs toits voûtés en forme de coque de bateau, ses vieux moulins délabrés sur la crête ou bien encore Tholaria, Lagada..., il se dégage de ces bourgades une douceur de vivre et un charme incroyables. Rares sont les endroits où l'on se sent parfaitement en paix, en réelle harmonie avec ce qui nous entoure. Boire un ouzo bien frais, accompagné de quelques olives à l'ombre d'une tonnelle, bercés par quelques notes de musique folklorique portées par le vent, ou bien déguster de la fêta fraîche, encore tiède que l'on vous apporte fièrement, là, je vous assure que je me suis approché du bonheur, un bonheur simple qui vous donne envie de vous arrêter définitivement là...

Amorgos sera également pour moi le souvenir d'un monastère étonnant, vieux de plus de 1000 ans : le monastère de Hozoviotissa. On y accède par long escalier. Suspendu à la falaise 300 m au dessus des flots, il est accroché entre ciel et mer. Creusé seulement sur une profondeur de 5m, il compense son manque de surface en s'échelonnant sur 8 étages! L'effet est tel que l'on s'attend à le voir basculer à tout moment dans l'abîme!

Tinos

La 3ème étape fut Tinos. Moins connue que sa célèbre voisine Mikonos, c'est la plus catholique des îles grecques (40% de la population) avec une grande ferveur religieuse autour de l'église de la Panagia Evangelistria. Une longue rue en pente de près d'un km, se terminant par un long tapis rouge permettant d'accéder à l'édifice, est remontée à genoux lors des nombreux pèlerinages qui s'y déroulent. Ainsi l'île vit elle entre tourisme et religion (elle compte 750 églises et chapelles pour une île de 195 km2). Au centre de Tinos, les villages à flanc de coteaux arides parsemés de bouquets d'oliviers et de figuiers, possèdent tous de nombreux pigeonniers typiques de cette île, bâtis au creux des vallons, à l'abri du vent. Le petit bourg de Pyrgos doit quant à lui son éclat et sa fortune à ses carrières de marbre. Même l'abribus est en marbre! La place du village, à l'ombre d'un platane bicentenaire, est tout à fait charmante.

Près de la capitale, surplombant la côte, Kardiani est une véritable oasis noyée au milieu d'oliviers, de cyprès, de chênes verts et autres figuiers. Côté cuisine, ce deuxième voyage en Grèce a été excellent. Je vous ai déjà parlé de l'ouzo, des olives et de la fêta, mais contrairement à notre dernière escapade, nous nous sommes régalés de poissons frais péchés. Nous avons mangé simplement, mais que des choses succulentes parfois quasiment chez l'habitant. Une fois, un admirateur de notre beau et grand pays (cocorico!) nous a même sorti le jerrican de 30l pour nous offrir une topette de raki (alcool de figue au goût légèrement anisé) fort délicieux de sa fabrication!

Delos

Avant dernière étape de notre voyage, Delos, site archéologique réputé m'a vraiment déçu. Tout est trop abîmé pour qu'un profane comme moi puisse y retrouver ses petits. Seul à mes yeux, le musée vaut la peine d'être visité avec notamment toute une collection d'objets domestiques qui prouvent que, finalement nous n'avons pas inventé grand chose qui n'existât à cette époque.

Mikonos, enfin, terme de notre voyage, aujourd'hui très médiatisée n'a pas été mon île préférée. Mais comme vous me connaissez bien, cela n'est pas pour vous surprendre: le béton a envahi les côtes. Les nombreuses résidences qui se sont construites sont ceintes de murs... Cette île n'est plus qu'un grand complexe touristique. La vielle ville est jolie, mais ce ne sont que commerces et restaurants à touche-touche. Une île pour admirateurs d'Ibiza!

Voilà que mon récit touche à sa fin. Puissent ces quelques lignes vous permettre aussi de rêver et vous donner l'envie de découvrir d'autres horizons pas si éloignés de chez nous...

A bientôt,

Pierre

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